The Artist Academy
Masterclass avec Eric-Emmanuel Schmitt
Exercice et consigne :
Remontez à votre désir d'écrire. Essayez de vous souvenir du moment où est né ce désir et concevez un texte avec un début, un milieu et une fin.
Une flamme éternelle
Je traînais des pieds pour aller à cette fichue invitation à dîner. Je ne voulais pas sortir car la seule chose que je souhaitais à l'âge de douze ans, c'était de jouer avec mon Tamagotchi. Rien n'avait plus d'importance que de m'occuper de mon petit chien virtuel. Si je ne lui donnais pas à manger quand il avait faim, et si je ne nettoyais pas sa litière, il risquait la mort certaine. Je refusais de le laisser mourir aussi virtuel soit cet animal.
- Naval ! descends tout de suite, on va partir.
- J'arrive maman, deux minutes !
Je n'avais pas encore terminé de nettoyer les crottes quand la porte de ma chambre s'ouvrit brusquement laissant ma mère entrer furibonde. Elle m'arracha le jouet des mains malgré mes protestations et m'entraina dehors sans ménagement. Ma tête boudeuse ornait la vitrine arrière droite de la voiture.
Cependant, ma contrariété ne dura pas lorsque l'on me fit entrer dans le salon où les enfants des amis de mes parents regardaient un film. J'ignorais le titre du film, mais dès l'instant où j'aperçus ce jeune garçon brun à lunettes, habillé avec une drôle de robe noire avec une cravate rouge et une cicatrice en forme d'éclair sur le front, je fus enthousiasmée. La scène que je visionnais le montrait en train de prononcer ces paroles : « expecto patronum » et une lumière jaillit devant lui. Ma mauvaise humeur se dissipa aussitôt laissant place à un émerveillement sans borne.
J'appris plus tard qu'il s'agissait d'une adaptation en film d'un livre intitulé « Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban » d'une autrice Anglaise nommé J.K. Rowling. Non seulement je me suis empressée de réclamer mon argent de poche du mois pour m'acheter le DVD mais aussi un journal intime qui avait pour couverture l'affiche du film. C'était ainsi que naquit pour la première fois mon désir d'écrire. Je voulais à tout prix posséder ce même pouvoir enchanteur. Je me surpris même à délaisser mon Tamagotchi pour écrire, chose qui laissa ma mère bouche bée. Quand l'heure de dormir arriva, je faisais semblant de m'allonger pour tromper la vigilance de ma mère afin de lire en douce par la suite. Je prenais ma lampe de chevet que je cachais sous ma couverture afin d'atténuer la lumière et je lisais. Mais c'était sans compter que ma mère était revenue dans ma chambre pour chercher les linges sales. Elle me fixa, je lui retournais son regard et nous explosâmes de rire ensemble. L'ordre de dormir fut toutefois intimé tout de suite et mon livre confisqué afin que la tentation de lire ne recommençât plus.
Mon intimité avec le monde du livre ne cessa de croître de jour en jour. J'alimentai le plus souvent mon envie d'écrire par une lecture constante aussi bien grâce aux livres proposés par l'école tel que « Yvain ou le chevalier au lion » de chrétiens de Troyes ou encore « le chevalier au bouclier vert » d'Odile Weulersse et « l'enfant océan » de Jean-Claude Mourlevat mais aussi de mes lectures personnelles dont « la saga Chair de poule » de R.L. Stine. Cependant, mon argent de poche semblait insuffisant face à ma soif de lecture alors je découvris les bienfaits de la bibliothèque municipale. Plus je grandissais, plus j'avais besoin d'écrire car je n'avais personne pour confier mon état d'âme ou tout simplement parce qu'écrire me paraissait plus apaisant que l'écoute d'un potentiel individu ou camarade de classe. L'empreinte de ma toute première découverte lecture (la saga Harry Potter de J.K. Rowling) forgea mon esprit et me conforta jusqu'à aujourd'hui à l'âge adulte que je suis faite pour écrire. Et surtout que j'avais besoin de le partager au monde.
The Artist Academy
Masterclass avec Eric-Emmanuel Schmitt
Exercice n ° 2 et consigne :
Essayez de développer votre empathie : allez dans un café, concentrez-vous sur une personne et essayez de voir le monde à travers elle, changez de point de vue.
A- Je me concentre sur une personne et j'imagine le monde selon elle :
Un jeune homme brun, plutôt svelte et grand avec un regard jovial mais au trait lasse, résultat d'une longue journée de travail, se dirigea vers moi. Il m'apporta mon diabolo à la menthe et ma tarte au framboise. Je lus discrètement en haut à droite de son tablier : « David ». Il était quatre heures de l'après-midi et le nombre de client ne semblait ni trop ni pas assez. Mon regard ne cessa de revenir sur le va-et-vient de David. Il paraissait aimer son métier et souriait à tous les clients qu'ils devaient encaisser. Parfois, il s'autorisait même une petite discussion amicale, je supposais qu'il s'agissait de clients habitués des lieux. Il mettait un zèle fou à prendre les nouvelles commandes, à débarrasser les tables vides et à encaisser les clients sur le point de partir. Une vraie démonstration de sa polyvalence.
Ce rythme effréné mêlé à un bambin de six ou sept ans, assez turbulent qui ne supportait pas l'attente imposée par ses parents pour payer l'addition, le bouscula. Le plateau qui se tenait à l'instant en équilibre sur sa main se renversa, laissant s'échapper les verres qui s'y trouvaient. Un son aigu de fracas se fit aussitôt entendre. Une expression d'exaspération, de rage et de fureur s'exprima simultanément sur son visage bien qu'il se contint de prononcer quoi que ce soit. Il tourna les talons sans doute pour chercher de quoi nettoyer ce bazar mais aussi pour calmer ses nerfs à vifs. Il entreprit de ramasser les débris par terre avec un balai et une pelle. Tandis que les parents se confondaient en excuse devant ce désastre tout en sermonnant leur enfant, un homme d'un certain âge et d'une prestance imposante qui rappelait instantanément le respect, choisit ce moment inopportun pour pointer son nez, le patron des lieux. Il jeta un regard circulaire à la pièce, naturellement tous les regards s'étaient braqués sur l'incident. Soucieux de l'excellente réputation de son établissement, il entreprit aussitôt de rassurer ses clients car tout un chacun savait que peu importe la nature d'un incident, les clients restent roi.
Une fois que ces derniers aient quittés les lieux, le serveur eut droit à un regard d'avertissement lourd de sens, un sermon s'en suivit. J'admirai tout particulièrement la patience et la contenance du jeune serveur face à cette injustice et humiliation qu'il subissait. Cependant, je soupçonnais la rage qui bouillonnait au fond de lui-même, une colère qu'il était contraint de retenir. Je supposais qu'à ce moment-là, il haïssait son travail mais aussi les gens en général. Lors de mon encaissement, il semblait résolument déterminé à rester professionnel et me parla avec une politesse étudiée.
B- J'imagine ce qui se passe chez cette personne ?
Après cette journée éprouvante, David rentra chez lui épuiser et partagé entre une sentiment de rage et de résignation qui cogitaient en lui. Malgré ses pensées agitées, il parvint jusqu'à son appartement l'esprit plus calme. En longeant le couloir de l'entrée, il entendit Damien, son compagnon s'afférer dans la cuisine. Il essaya de dissimuler ses contrariétés pour ne pas inquiéter inutilement son petit ami, pour se faire, au lieu de se rendre dans la cuisine pour le saluer comme il le fait habituellement, il se rendit dans le salon afin d'y déposer ses affaires. En face du salon se trouvait la salle à manger composée principalement d'une table de taille moyenne en bois de forme carré entourée de quatre chaises. David remarqua qu'une assiette en forme de feuille était posée en face de sa chaise. Il s'approcha et admira une magnifique disposition de biscuit en forme d'émoji de bonhomme qui sourit, d'une pouce levée en signe de like, un trèfle à quatre feuilles et un cœur enrobé de pâte d'amande saveur cerise. Un doux sourire illumina son visage et il se rendit aussitôt vers la cuisine. Un arôme épicé lui chatouillait les narines et faisait gargouiller son ventre lui rappelant qu'il n'avait pas eu le temps de mangé le midi. Cependant, le goût du biscuit cœur-cerise lui restait encore sur le bout de langue. En le voyant s'approcher, Damien lui offrit son sourire bienveillant, quant à David tout en lui rendant son sourire, il entreprit un regard circulaire aux alentour à la recherche d'un spray fraîcheur. Son regard tomba finalement sur un petit spray de couleur jaune, alors qu'il en débouchait le couvercle, Damien hurla :
- Non, arrête !
Trop tard, David avait déjà appuyé et le contenu du spray se déversa dans sa bouche. Néanmoins, alerté par la réaction de son compagnon et par le goût ultra chimique et non pas de menthe du spray, il regarda le visage horrifié de Damien qui finit sa phrase par :
-C'est un spray pour les WC !
David
observa mieux le spray et reconnu au milieu de celui un dessin d'une minuscule
cuvette des toilettes. Il courut dans la salle de bain afin d'effectuer un bain
de bouche en urgence. Après avoir alterné bain de bouche et brossage de dent, l'horrible
goût de produit chimique s'atténua enfin et il put respirer un instant. Il
maudissait intérieurement cette journée noire. A force de cracher et de
recracher, son visage avait pris une teinte légèrement rougeâtre. Damien le
prit doucement dans ses bras et ils restèrent ainsi un moment l'un près de
l'autre, l'un pour rechercher du réconfort et l'autre pour délivrer toute son
affection et son amour. Après cet incident, ils dinèrent et visionnèrent
ensemble leur feuilleton favori et s'endormirent bras dessus, bras dessous bercés
par les voix des acteurs de la télévision qui s'éteignit toute seule grâce à
l'option minuterie.